1.
Macaques en slip de bain đ
Source : sciencesetavenir.fr
Ătude complĂšte : springer.com

Photographie Steven Diaz – Unsplash
Ăa ne vous aura sĂ»rement pas Ă©chappĂ©, câest lâhiver. Il fait froid, humide et vous rentrez parfois chez vous avec une seule idĂ©e en tĂȘte : vous rĂ©chauffer dans un bon bain chaud. Un livre, une petite sĂ©rie ou une bougie et hop ! Vous voilĂ plongĂ© dans la plus grande des dĂ©tentes.
Et lĂ , on se demande : sommes-nous la seule espĂšce Ă profiter des bienfaits dâun bain ? Ă ce stade de lâarticle, a priori, vous vous en doutez : non.
Les macaques japonais (Macaca fuscata) sont les seuls primates non-humains Ă vivre sous des latitudes aussi septentrionales. Dans les annĂ©es 1960, ces petits malins auraient observĂ© la clientĂšle dâun hĂŽtel de la rĂ©gion faire trempette dans des sources dâeau chaudes (onsen), avant de les imiter. Depuis, ce comportement se transmet de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration au sein de la colonie.
En 2018, des chercheurs de lâUniversitĂ© de Kyoto ont souhaitĂ© en savoir plus. Sur deux pĂ©riodes, lâune au printemps, lâautre en hiver, les chercheurs ont observĂ© le comportement de la colonie et ont collectĂ© des dĂ©jections de macaques (oui, il faut aimer la science) pour mesurer les taux de glucocorticoĂŻdes, les hormones libĂ©rĂ©es en cas de stress.
Ils ont pu constater, dâune part, que les macaques japonais utilisent davantage les sources chaudes en hiver pour se rĂ©chauffer (ce qui est peu Ă©tonnant), mais Ă©galement que, comme pour les humains, lâeau chaude avait un vĂ©ritable effet anti-stress chez les individus de la colonie.
Car oui, les macaques sont stressĂ©s. Surtout lors des pĂ©riodes hivernales, qui comptent des taux dâagression particuliĂšrement Ă©levĂ©s. Et qui sont les individus les plus stressĂ©s de la troupe ? Les dominants rĂ©pondent les chercheurs. Plus prĂ©cisĂ©ment : les dominantes, puisque la structure sociale des macaques japonais repose entiĂšrement sur les femelles. Il nâest a priori pas de tout repos dâĂȘtre en haut de la hiĂ©rarchie.
Mais rassurez-vous (si vous ĂȘtes inquiets), un rang social Ă©levĂ© prĂ©sente aussi des avantages, dont un accĂšs prioritaire aux sources dâeau chaude. Les individus du groupe sont parfois contraints de se partager une unique source dâeau chaude (imaginez partager votre baignoire avec 20 Ă 100 personnes).
Les individus dominants peuvent donc rĂ©guliĂšrement profiter dâun bain relaxant afin de rĂ©duire les dĂ©penses Ă©nergĂ©tiques et les pertes de chaleur corporelle rĂ©sultant de leur Ă©tat de stress.
Cette habitude unique des macaques japonais de se baigner dans les sources d’eau chaude illustre Ă la perfection le rĂŽle de la flexibilitĂ© comportementale dans la lutte contre le stress induit par un climat froid, ce qui a des implications probables sur leur reproduction et leur survie. Si ce nâest pas une bonne excuse pour un petit bain de temps en temps đ .
2.
Glee club de rongeurs đ€
Source : futura-sciences.com
Ătude complĂšte : sciences.org

Photographie David Riano – Pexels
ArrĂȘtez ce que vous ĂȘtes en train de faire (non, je dĂ©conne, continuez Ă lire) et suivez-moi dans les forĂȘts primaires, humides et brumeuses du Costa Rica.
Vous y ĂȘtes ? Bien.
Si vous tendez lâoreille, vous distinguerez sĂ»rement un petit chant mĂ©lodieux. Curieux⊠celui-ci ne vient pas des cimes des arbres, non, mais bien du sol. Câest une petite souris brune, la souris chanteuse dâAlston (Scotinomys teguina) qui (comme son nom lâindique) pousse la chansonnette.
Vous nâavez pas lâhabitude dâentendre chanter des souris ? Câest normal, la plupart des cris des rongeurs sont trop aigus pour ĂȘtre perçus par lâoreille humaine (ce qui fait, finalement, des souris chanteuses dâAlston, des sortes de « Barry White » de leur espĂšce ?). Mais ces derniĂšres se distinguent avant tout par la richesse de leurs vocalises : des chants structurĂ©s variant en rythme et en hauteur qui ne sont pas sans rappeler ceux des oiseaux ! Jugez-en donc par vous-mĂȘme.
Loin du seul but de ravir les esgourdes de leurs voisins tropicaux, le chant bref de nos souris chanteuses a le don de se propager efficacement dans la vĂ©gĂ©tation dense de leur habitat naturel. En outre, il joue un rĂŽle important dans la sĂ©lection des partenaires sexuels. Les femelles avantagent gĂ©nĂ©ralement les meilleurs chanteurs â comme quoi, il nây a pas que le physique – et contribuent ainsi Ă la pression Ă©volutive qui sĂ©lectionne, au fil du temps, les capacitĂ©s vocales de lâespĂšce.
Par ailleurs, il nâest pas rare que des souris chanteuses dâAlston sâengagent dans des « duels de chants » (!!) : des Ă©changes vocaux complexes qui leur permettent de se mesurer et dâĂ©viter, ainsi, le recours Ă des affrontements physiques. Un mode de gestion des conflits qui, je lâespĂšre, saura en inspirer plus dâun.
Les chercheurs sont fascinés par ces duos, dont la précision temporelle et la coordination rappellent les échanges conversationnels entre humains (les chants peuvent se succéder de quelques millisecondes seulement). Ces petits virtuoses à fourrure révÚlent peu à peu une forme de communication hautement adaptative, qui reflÚte des processus cognitifs jusque-là rarement observés dans le monde des rongeurs.
Zoom sur…đŹ

ĂvĂšnement
Journée mondiale des intelligences animales
Ami(e)s parisien(ne)s, ami(e)s de passage : le 08 fĂ©vrier prochain se tiendra Ă la CitĂ© des sciences lâannuelle « JournĂ©e mondiale des intelligences animales » coorganisĂ©e par la journaliste Yolaine de la Bigne. Des auteurs, des vulgarisateurs, des biophysiciens, des chercheurs, des vĂ©tĂ©rinaires, des Ă©thologues, des ethnologues⊠tout ce beau monde rĂ©unit pour vous parler de crevettes qui font bouillir la mer, des aptitudes surprenantes des mollusques, de cochons qui jouent Ă des jeux vidĂ©o, de lâingĂ©niositĂ© des araignĂ©es ou encore du rĂŽle des femelles, bien souvent badass, dans les sociĂ©tĂ©s animalesâŠ
Les confĂ©rences dureront toute la journĂ©e, et le programme s’annonce somptueux. Je compte bien ne pas en rater une miette. Et vous ?