Newsletter #6

1.

Le chapeau saumon fait son come-back 🐟

Après les pin’s, le velours ou encore les salopettes, c’est au tour du chapeau en saumon mort de faire son grand retour. Cette fois ça ne se passe pas dans votre quartier (si jamais c’était le cas, s’il-vous-plaît, prévenez-moi), mais dans nos océans. 

Pour ceux qui ont loupé le premier épisode – En 1987 des chercheurs observent, pour la première fois, un comportement inhabituel : une femelle orque arbore un saumon mort sur la tête. Un couvre-chef bien curieux. 

En l’espace de quelques semaines, le phénomène se propage parmi les populations d’orques. Rapidement, cependant, la tendance s’essouffle, et en 1988 le chapeau-en-saumon-décédé semble déjà passé de mode. 

Cette tendance, aussi déconcertante qu’éphémère, avait laissé la communauté scientifique sur sa faim (et nous aussi, avouons-le). 

Mais comme vous le savez, toute mode est cyclique, et (oh joie) le chapeau en saumon mort semble faire son retour depuis l’automne. 

En effet, non loin des côtes de l’État de Washington, des chercheurs ont récemment observé des orques exhibant, pour la première fois depuis une trentaine d’années, le fameux couvre-chef. 

Au risque d’en décevoir plus d’un, il est toutefois possible que ces chapeaux excentriques n’aient pas un but esthétique. 
Il ne vous aura sûrement pas échappé que l’accessoire en question est comestible. 
Selon les scientifiques, il est possible que les mammifères marins se gardent un petit casse-croûte pour plus tard ou pour le partager avec un congénère. Il est également possible que ce comportement relève d’une forme de jeu ou de distraction.

Les chercheurs comptent bien saisir leur chance et planifient d’utiliser des drones équipés de caméras pour obtenir des données plus précises sur ce comportement énigmatique. 

En attendant, le mystère reste entier, et les théories se bousculent : quelle qu’en soit la raison, ce comportement témoigne une nouvelle fois de la richesse et de la complexité du comportement social des orques, et soulève à nouveau des questions sur la transmission culturelle chez ce mammifère marin. 

2.

Les chiens, militants pour la paix ✌️

Si vous pensez que votre chien ne se sent absolument pas concerné par les disputes qui pourraient animer votre foyer tant qu’il a ses croquettes, détrompez-vous. 

Une récente étude publiée par des chercheurs de l’Université de Buenos Aires dans la revue Ethology révèle que, non seulement, nos amis canidés sont directement affectés par nos querelles, mais qu’ils y prennent activement parti. 

En effet, les chiens semblent se ranger instinctivement du côté de la victime (c’est-à-dire la personne qui ne présente pas de comportements menaçants ni de gestes et regards agressifs) : ils la fixent davantage, se tiennent près d’elle et cherchent à établir un contact réconfortant. Plutôt sympa.  

En revanche, envers l’agresseur, l’attitude des chiens est nettement plus froide : la majorité va tout bonnement l’esquiver, en évitant son regard ou en se tenant à distance. Une minorité peut même manifester des comportements protecteurs plus marqués en se plaçant entre la victime et l’agresseur ou en émettant des aboiements par exemple. 

Mais pourquoi prendre parti ? 

Motivés par un instinct de cohésion sociale, les chiens pourraient chercher à maintenir l’harmonie dans leur environnement (et on les remercie bien pour cet effort). 

Mais ces derniers semblent également émotionnellement impactés par nos disputes, même lorsque celle-ci ne les vise pas directement. Ainsi, l’étude révèle que lorsqu’ils sont témoins de nos altercations, nos compagnons à poils manifestent des comportements liés au stress : un phénomène de contagion émotionnelle ou une peur que l’agressivité ne se retourne contre eux ? 

Les chercheurs n’ont pas encore la réponse. 

Ces réactions démontrent, avant tout, une compréhension fine des émotions humaines et mettent en lumière le rôle crucial que jouent les chiens en tant que de partenaire émotionnel de leurs humains, allant même jusqu’à participer activement à la gestion des conflits au sein du foyer. 

Alors, la prochaine fois que vous vous apprêtez à passer vos nerfs sur un membre de votre famille, pensez à votre chien. 

3.

Certains poissons peuvent choisir leur anniversaire 🎂

Si vous êtes né la veille du jour de Noël et que vous êtes un abonné aux cadeaux « ça fera pour les deux », ou en plein milieu de l’été, et que vous êtes abonné aux anniversaires en solitaire pendant que vos amis se la coulent douce en vacances, vous avez sûrement déjà rêvé de choisir votre date de naissance. 
Eh bien, si vous étiez un poisson, il se trouve que vous auriez pu. 

Une récente étude publiée dans la revue Science par des chercheurs de l’Université hébraïque de Jérusalem révèle les processus chimiques et biologiques permettant aux embryons de plusieurs espèces de poissons de décider du moment le plus opportun pour éclore.   

Pour les espèces ovipares (qui pondent des œufs), l’éclosion est un évènement critique de leur existence. Loin de penser à leur fête ou à leurs cadeaux d’anniversaire, vous vous en doutez, certaines espèces de poissons planifient leur éclosion en fonction des conditions environnementales, afin d’améliorer leur survie au cours des premiers stades de leur vie. Les poissons-zèbre (sujets de l’étude en question), par exemple, attendent la lumière du jour pour pointer le bout de leur nez, contrairement aux poissons-clowns et aux flétans qui préféreront émerger dans l’obscurité. Le Grunion de Californie, quant à lui, attendra d’être emporté par la mer. 

Mais comment réussissent-ils cette prouesse ? 

La clé de cette performance réside dans une hormone appelée « thyréotrope » (TRH, pour les initiés). Cette hormone déclenche la production d’enzymes capables de dissoudre la paroi de l’œuf. Les poissons-zèbre activent la TRH, qui sera acheminée vers la glande responsable de l’éclosion, grâce à un signal nerveux temporaire déclenché au moment opportun. 

Cette découverte, que les chercheurs espèrent approfondir dans le futur, pourrait être utilisée pour la préservation des espèces, notamment dans le cadre des éventuelles conséquences induites par le changement climatique sur ces mécanismes d’éclosion façonnés par des milliers d’années d’évolution. 

Zoom sur…🔬

Podcast 🎙

“Pourquoi éprouve-t-on de la répulsion envers certains animaux ?”
– Grand bien vous fasse !


On les dit sales, moches, dangereux, porteurs de maladies… Pigeons, rats, cafards, araignées, punaises de lit, serpents ou crapaud ont assurément mauvaise presse. 

Au fait, vous êtes-vous déjà demandé pourquoi ?  

François Lasserre (entomologiste), Jessica Serra (docteure en éthologie) et Yolaine de La Bigne (journaliste), invités dans l’émission Grand bien vous fasse ! sur France Inter s’appliquent à déconstruire les préjugés issus de notre héritage culturel qui pèsent sur ces animaux.

Après 45 minutes d’écoute fascinante, on a envie de trouver un cafard pour s’excuser blattement (vous l’avez ?) pour le délit de faciès qu’on lui a fait subir toutes ces années. 

Finalement, à bien y réfléchir, sur les milliers d’espèces peuplant la planète, seule une poignée accepte de vivre à nos côtés. Ne serait-il pas temps de commencer à les considérer sans préjugés ?  

 Elles n’étaient pas venues pour souffrir, ok ?