1.
Mammifères et clair de Lune 🌔
Source : geo.fr
Étude complète : royalsocietypublishing.org

Elle influe les marées océaniques, les marées terrestres, les poètes, les somnambules, les superstitieux… changeante et indémodable, la lune est loin de nous rendre indifférents. Mais en est-il de même pour les animaux ? C’est ce que cherche à comprendre une nouvelle étude publiée dans la revue Proceedings of the Royal Society B : Biological Sciences, s’interrogeant tout particulièrement sur la réaction des mammifères aux cycles lunaires. L’équipe de chercheurs, apparemment motivée pour mener à bien son étude, a épluché pas moins de 2,1 millions d’images (!) provenant de pièges photographiques disposés sur le sol de 17 forêts tropicales protégées, éparpillés sur 3 continents. Précisons ici que les sols des forêts tropicales comptent parmi les endroits les plus sombres de la planète. S’ils n’ont pas capturé d’images exceptionnelles de rites sataniques organisés par des rats musqués à la pleine lune (si vous étiez là pour ce genre d’infos, vous risquez d’être déçus), ils affirment que certaines espèces modifient leurs comportements en fonction des phases de la lune, notamment lorsque celle-ci est pleine. Et la plupart… la fuient ! Sur les 86 espèces étudiées, la moitié ont semblé adapter leur comportement en fonction des phases lunaires. Seules 3 espèces présentaient une forme d’attirance pour la pleine lune (que l’on appelle lunarphilia) et 12, dont une majorité d’espèces de rongeurs, évitaient tout bonnement le clair de lune (lunarphobia). Alors, les rongeurs sont-ils superstitieux ? Toujours pas. La réponse des chercheurs est claire : la luminosité. Plus la lune est pleine et plus, elle illumine, jusque-là, tout le monde est d’accord. Lorsque la luminosité augmente, les animaux de proie sont plus facilement repérables par les prédateurs. Les animaux qui souhaitent se déplacer incognito sont donc moins actifs les soirs de pleine lune, lui préférant l’obscurité. La prévalence des comportements « lunaires phobiques » parmi les espèces étudiées suggère qu’il pourrait y avoir plus d’espèces perdantes que d’espèces gagnantes lorsque la luminosité augmente. Et… c’est ici que l’Homme vient mettre son grain de sel. Car, voyez-vous, les forêts tropicales sont parmi les plus touchées par la déforestation. La réduction du nombre d’arbres induit nécessairement une augmentation de la luminosité dans ces zones. De quoi perturber nos pauvres espèces phobiques lunaires, vous l’aurez compris. Mais ils ne sont pas au bout de leur peine. Si la lumière de la Lune, un phénomène pourtant naturel, a autant d’impact sur les animaux, qu’en est-il des lumières artificielles, s’interrogent les chercheurs ?
La perte des nuits sombres pourrait fondamentalement modifier le comportement de certaines espèces et avoir un impact durable sur ces dernières. Si c’est valable dans les forêts tropicales, c’est également valable près de chez nous, nous rappelle l’association France Nature Environnement.
2.
La démocratie s’invite dans les forêts centrafricaines 🗳
Source : sciencesetavenir.fr
Etude complète : royalsocietypublishing.org

Image générée par l’intelligence artificielle
On a longtemps, bien longtemps, pensé que la plupart des animaux vivant en société se soumettaient à un individu dominant et acceptaient volontiers une position de subalterne passif. De temps en temps, il y en avait bien un pour faire son cake et défier l’autorité, mais, globalement, ça s’arrêtait là. Le pouvoir était exercé unilatéralement par le dominant. Et puis finalement, à force d’observation, on se rend compte que les sociétés animales sont parfois plus sophistiquées qu’on ne pensait. Prenons les Gorilles de l’Ouest (gorilla gorilla). Ils vivent au sein d’unités familiales cohésives composées d’un mâle, en charge de la protection du groupe, à la carrure impressionnante (160 kg environ) et aux poils grisonnants qui lui valent le sobriquet de « dos argenté », de femelles et de leurs progénitures. Contraints par un régime principalement composé de fruits, les Gorilles de l’Ouest doivent régulièrement se déplacer pour trouver leur prochain repas. Ces déplacements supposent donc une bonne connaissance du territoire et de ses ressources. Notre mâle « dos argenté » dominant est-il un fin cartographe en plus d’être le gros dur de la bande ? Eh bien pas forcément, affirme Lara Nellissen de l’Université Suisse de Neuchâtel. Le mâle dominant n’est pas nécessairement plus âgé ou plus expérimenté que les femelles et, pour maintenir une bonne cohésion de groupe, la mise en commun des connaissances semble être la stratégie gagnante. Alors les gorilles votent. Oui, ils votent. Pas de bulletins glissés dans une enveloppe ici, les échanges se font à l’oral. Si les décisions concernant la direction à prendre sont généralement prises par le mâle « dos argenté » et les femelles dominantes (aka les « anciens »), il semblerait que chaque adulte ait son mot à dire sur le moment du départ. Environ cinq minutes avant que le groupe se mette en mouvement, ça vocalise à tout-va (« Attendez, Martine n’a pas fini sa toilette » entendrions-nous peut-être si l’on parlait gorille – allez savoir). À travers ces échanges, le groupe semble parvenir à un consensus sur le moment du départ. Ce modèle n’avait pas encore été observé chez les hominidés en dehors des Humains. Nous le savons, la vie en groupe nécessite de faire des compromis et les gorilles semblent l’avoir bien compris.
Zoom sur…🔬
3.
Rencontre du troisième type
Source : cnn.com
Étude complète : cell.com et cell.com

Qu’est-ce qui a six pattes, des ailes et un corps de poisson ? Personnellement, j’aurais sûrement naïvement répondu « une créature mythologique ? » avant de découvrir récemment l’existence des triglidae. Cet étonnant poisson est pourvu de 6 pattes de crabes et de deux grandes nageoires, rappelant des ailes, qu’il déploie lorsqu’il nage. Il vit jusqu’à 300 mètres de profondeur et se nourrit de petits poissons, de homards et de moules. Depuis sa récente entrée dans les laboratoires, son étude a déjà révélé une foule de surprises. Déjà, il n’y a pas une, mais plusieurs espèces cousines, génétiquement différentes (les Prionotus carolinus et les Prionotus evolans). Ensuite, n’allez pas croire que leurs petites pattes de poissons leur servent uniquement à courir des 100m marins. Elles leur permettent aussi de déterrer des proies enfouies dans le sable (ce qui leur vaut d’être régulièrement suivi par une foule de poissons qui attendent de leur chiper une proie fraîchement découverte). Mais ce n’est pas tout. Les Prionotus carolinus semblent avoir gagné la loterie de l’évolution, puisque ses pattes sont couvertes de capteurs sensoriels, proches des papilles, qui leur permettent de détecter chimiquement les proies enfouies dans le sol – ce qui constitue une innovation évolutive clé par rapport à son espèce cousine. Il n’est pas étonnant que le Triglidae soit devenue en peu de temps la nouvelle coqueluche des laboratoires.
Le coin des explorations 🔦
4.
Jane Goodall dans votre salon

Photographie : Rajah Bose, Gonzaga University JGI
Je vous en parlais il y a quelques semaines : le 19 octobre dernier, l’UNESCO a accueilli dans ses quartiers généraux, la conférence « A speech of History » organisée en l’honneur du Dr. Jane Goodall. En plus de la plus célèbre des primatologues (qui, pour la petite anecdote, a récemment soufflé ses 90 bougies) une centaine de personnalités publiques engagées dans la cause environnementale étaient présentes. Je vous annonçais alors qu’il n’y avait plus une seule place disponible pour y assister, et qu’il ne nous restait plus que nos yeux pour pleurer. Mais, chers lecteurs, tout n’est pas complètement perdu. L’Institut Jane Goodall France nous a fait le cadeau de mettre en ligne gratuitement le replay de la conférence dans son intégralité. Allez, avec un peu d’imagination, on pourrait presque croire qu’on y est ! Alors, allez enfiler votre plus belle tenue de gala et préparez-vous un frichti, l’Histoire s’écrit ici : https://www.youtube.com/watch?v=cevJaADKwTw.